Retour d'expérience OXAYA : Réussir son premier projet de construction en BIM avec Ghislain QUENET de Léon Grosse
Bonjour Ghislain Quenet, Quel parcours vous a permet de rejoindre Léon GROSSE en tant que BIM manager ?
De formation Ingénieur ESTP, j'avais pu effectuer un stage de fin d'études chez GTOI (Grands Travaux de l'Océan Indien) (filiale de COLAS dans les DOM-TOM) au sein de la Direction technique afin d'y effectuer la mission suivante : « Assurer la transition du service Méthodes dans un processus BIM ». J'y ai appris à modéliser sur Revit, à me former succinctement sur les méthodes, à maîtrise l'outil Navisworks (plus particulièrement le TimeLiner).
Quelle est la stratégie de LG (Léon GROSSE) autour du BIM et de la transition numérique ?
En juin 2015, Bertrand Grosse est nommé Président du Directoire et lance un nouveau projet pour que l'entreprise devienne « Plus fiable, plus fluide, plus humaine, plus innovante ». L'objectif est de faire évoluer l'entreprise pour lui permettre de relever les enjeux actuels et futurs du métier. Cela se concrétise par une forte transition numérique et une large diversification.Un plan stratégique a donc été mis en place pour atteindre cet objectif : « Ambitions 2020 ». Sur l'aspect « innovant », et en particulier celui du BIM la démarche « 100% BIM » a été lancé début 2017. L'objectif est clair : D'ici fin 2020, le BIM doit être exploité ainsi bien en études qu'en travaux sur tous nos projets.
Léon GROSSE a commencé son aventure avec le BIM courant 2013 lorsque les premières maquettes numériques ont vu le jour pour des projets très techniques et très complexes comme la construction du Stade Jean Bouin. Par une formation en interne mais aussi par l'accueil de nouveaux profils via les stages de fin d'études, Léon GROSSE a commencé à voir se créer une équipe de spécialiste formée et intéressée sur le sujet du BIM de manière générale.
Fort de ces premières expériences, le Pôle numérique a pu voir le jour (actuellement dirigé par Mickaël PAPAZIAN). Ce pôle, basé en Île-de-France, a pour but à la fois de coordonner les actions BIM à travers le territoire national, de centraliser les savoirs de chaque collaborateur, de communiquer et d'être à chaque instant en veille sur les nouvelles avancées technologiques liées au BIM.
Pourriez-vous nous dire un peu plus sur le projet pilote Oxaya ?
Le projet pilote Oxaya, réalisation d'un immeuble de bureaux répartis sur 4 niveaux (7 150 m² de SU) et de 2 niveaux de parkings, intervient dans cette démarche de développement du BIM au niveau national. En 2016, il a été décidé, en concertation avec la maîtrise d'ouvrage, que ce projet serait le premier projet BIM pour la région Rhône-Alpes chez Léon GROSSE. La maîtrise d'œuvre a elle aussi souhaité participer à un tel processus et être impliquée en phase Conception. L'objectif était clair : Léon GROSSE doit explorer le maximum d'applications liées au BIM qui puissent impliquer un maximum d'acteurs sur le projet (maîtrise d'ouvrage, maîtrise d'œuvre, études, entreprises et équipe chantier).
Les premiers acteurs concernés par ce processus ont été :
- Le cabinet d'architectes XANADU, architecte du projet
- Le bureau d'études structure CEH
- Le bureau d'études fluides RBE
Les entreprises et bureau d'études impliqués en phase EXE et DOE furent les suivants :
- Le bureau d'études structure CEH
- L'entreprise de CVC et de plomberie ORIOL
- L'entreprise d'Electricité ROIRET Energies
- Le bureau d'études CEBATEC (mission de modélisation 3D des lots techniques)
- L'entreprise de menuiseries extérieures SNMA
- L'entreprise SAPA, fabricant des menuiseries aluminium des menuiseries extérieures (fourniture des familles 3D des différents types de menuiseries extérieures)
- L'entreprise Léon GROSSE (modélisation en interne des lots architecturaux en relation avec l'architecte)
- L'entreprise BIMly (assistance technique et confection de la maquette DOE)
- L'entreprise Leica (fourniture de la station Total)
- L'entreprise Resolving (fourniture de la solution « tablette »)
La cellule de synthèse technique et architecturale a été assurée par Léon GROSSE et constituée du BIM Manager, d'un spécialiste en synthèse technique et d'une spécialiste en synthèse architecturale.
Concrètement, comment avez-vous procédé pour l'implémentation du BIM dans ce projet ?
Après une rencontre avec la maîtrise d'œuvre pour présenter les principes fondamentaux du BIM et la convention BIM du projet sur les règles communes à adopter, s'en est suivi la période de modélisation des maquettes 3D PRO entremêlées de réunions de coordination des modèles pour aborder différents points de conception observés lors de la compilation des différentes maquettes. A la fin du PRO, la nouvelle étape fut de trouver les entreprises qui allaient nous suivre en EXE dans la continuité de ce processus BIM.
Ceci fait, les maquettes PRO ont été transmises aux entreprises pour que celles-ci continuent d'être complétées de nouveaux éléments et précisées en termes d'informations pour atteindre petit à petit un niveau EXE. Pour assurer cette continuité de la maquette, il avait été acté que ces maquettes, aussi bien en conception qu'en exécution, seraient réalisées sur REVIT. Les plans de coffrage ont pu être extraits directement des maquettes ainsi que les plans de réseaux et les plans de terminaux.
La synthèse technique et architecturale était effectué via Navisworks Manage et les résultats étaient soient présentés sous Navisworks, soit dans Revit via des coupes. A chaque fin de séance de réunion de synthèse, une maquette Synthèse était diffusée aux entreprises contenant les différents points et actions à mener abordées en réunion. La synthèse sur tout le projet a duré 4 mois, ce qui est remarquable compte tenu du fait qu'il s'agissait d'une nouvelle façon de travailler pour tous les intervenants.
Suite à cela, la maquette de lots architecturaux a pu être améliorée, précisée et renseignée et inclure les menuiseries extérieures modélisées sous forme de familles REVIT.
La dernière étape a été de compiler tous les DOE des différents lots et produire une fine une maquette globale qui contiendrait tous les fichiers attachés afin d'en faire un DOE numérique. Ce DOE a ensuite été transmis à la maîtrise d'ouvrage, mettant un point final à la mission BIM du projet.
L'autre objectif était d'inclure le Service Méthodes dans ce premier projet BIM. Fort de plusieurs PIC 3D et de phasages 3D réalisés plutôt en phase d'Appel d'Offres, le Service Méthodes souhaitait mettre à profit ses compétences en Revit et participer à la production de fichiers Méthodes pour le chantier.
Ce projet a donc été l'occasion d'utiliser les outils et objets 3D créés par le Pôle numérique, de poser les bases sur les notions de cycles, de rotations et de plans de passerelle afin de créer son propre gabarit de projet « Léon GROSSE - Méthodes ».
Comment avez-vous transporté le BIM au chantier et quelles étaient les cas d'usage ?
Il était hors de question de ne pas amener la maquette BIM sur le chantier ! En plus de participer régulièrement aux réunions de synthèse 3D, les différents membres ont pu profiter de certaines applications du quotidien en utilisant la maquette :
- Implantation des points sur chantier via la station totale: les vues en plan du projet étaient importées en DWF dans la station. Le chef de chantier désignait alors le point qu'il désirait implanter et par 3 bornes implantées à 3 endroits différents du projet, la station positionnait automatiquement le point via le laser.
- Utilisation de la tablette pour les remarques et restes à faire : la maquette était déposée sur un serveur connecté à la tablette. Les conducteurs de travaux pouvaient aller sur le chantier avec la tablette et disposer de tous les plans 2D et de la vue 3D pour pouvoir faire leurs observations et sortir in fine un rapport des restes à faire à envoyer aux entreprises concernées.
- Extraction des quantités : des extractions de quantités ont pu être faites depuis Revit pour répondre à diverses demandes.
L'important est de trouver des personnes motivées, qui croient au processus et qui sont prêts à découvrir de nouvelles façons de travailler : plus collaboratives, plus automatisées, plus précisés, plus rigoureuses. Je dirais que si vous avez trouvé ces entreprises alors le projet ne peut que bien se passer. Car, il peut arriver évidemment des erreurs, des problèmes. Mais si les différents acteurs vont de l'avant et ne reculent jamais devant cette montagne que peut être le BIM, le projet ne peut pas être un échec.
Être BIM Manager demande également beaucoup de rigueur sur le respect des processus, sur le respect des règles communes, sur les vérifications, sur le suivi des modifications, … Dans ce projet, certaines personnes n'avaient pas forcément plusieurs projets BIM à leur actif avant de débuter OXAYA. Mais ils se sont accrochés et ont toujours été demandeurs pour apprendre de nouvelles astuces pour gagner en efficacité et en précision.
La priorité, c'est l'humain. Les maquettes, elles, suivront !
Acteur majeur de la construction en France avec plus de 2 400 collaborateurs et un chiffre d'affaires de plus de 800 millions d'euros. Depuis 137 ans, Léon Grosse relève les grands défis architecturaux et techniques : rénovation et agrandissement du stade Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne (2014), stade Jean-Bouin à Paris (2013), satellite 4 de l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle (2012), gare TGV d'Aix-en-Provence (2001), tour du Parlement européen de Strasbourg (1998), rénovation du Muséum national d'histoire naturelle à Paris (1995), couverture des quais de la gare Lyon-Saint-Exupéry TGV (1992) ou encore la tour Super-Italie à Paris (1974).
100 % entrepreneurs, Léon Grosse intervient dans la plupart des activités de la construction : entreprise générale, gros œuvre, corps d'états, ingénierie et grands projets, promotion immobilière, génie civil nucléaire, énergie et réhabilitation de logements sociaux en site occupé. Léon Grosse se positionne en entreprise globale du BTP.