Rappels sur le BIM ou la MDB au Québec, ses 7 dimensions et 3 niveaux - Partie 1
Commençons par l’acronyme BIM (Building Information Modeling) qui se traduit au Québec par MDB (Modélisation des Données du Bâtiment), dans la mesure où l’on interprète le terme « bâtiment » dans son sens générique, c’est-à-dire englobant également les infrastructures et les réseaux techniques.
Il s’agit ici de modélisation de données du bâtiment dans le but d’effectuer un travail de conception, de simulation, de réalisation et, éventuellement, d’y inclure la gestion de bâtiment au niveau de son opération. Le tout utilisant comme support visuel une maquette 3D intelligente, c’est-à-dire, une maquette qui contient une multitude d’informations pouvant être utilisées à plusieurs niveaux. Comprenons-nous bien, il ne s’agit plus ici de dessins 2D présentant les différents éléments de construction d’un bâtiment à l’aide de lignes, cercles ou éléments graphiques simples, mais plutôt d’une base de données qui génère des éléments graphiques 2D et 3D, qui à leur tour, contiennent différentes informations techniques pouvant être utiles à la réalisation des travaux. Mais, quand nous parlons d’un processus BIM, nous parlons aussi de 4D, 5D, 6D et 7D :
- 2D - Réalisation de dessins 2D (Vues en plan, vue en coupe, vue en élévation, vue de détail, etc...
- 3D - Réalisation de vues 3D du projet
- 4D - Intégration de la maquette à l’intérieur d’un échéancier de réalisation des travaux
- 5D – Intégration des éléments de la maquette afin d’en estimer les quantités lors de l’estimation des coûts
- 6D – Intégration des informations de la maquette liées aux performances énergétiques et environnementales de la construction
- 7D – Intégration des informations de la maquette à l’intérieur d’un outil de gestion d’actif immobilier
Tout cela à l’aide de différents logiciels présentement disponibles sur marché et dont les caractéristiques et performances évoluent rapidement d’année en année.
Les différents niveaux du BIM
Sur le marché présentement, on parle de 3 niveaux majeurs :
NIVEAU 1
Le BIM de niveau 1 consiste en un travail isolé et peut comprendre :
- La réalisation de plans 2D
- La réalisation d’une maquette numérique 3D
- L’utilisation de ces éléments étant utilisés par un ou plusieurs acteurs travaillant en silo (de manière isolée)
Ne comprends pas :
- Les échanges entre les maquettes des différents intervenants travaillant sur un projet commun, c’est-à-dire que chacun met à jour ses données individuellement sans nécessairement se coordonner mutuellement sur une base régulière
À ce stade, les données ne sont pas nécessairement structurées ou compatibles avec les données des autres intervenants du projet, et ce, même si le bâtiment est modélisé en 3D. Ici, on ne peut pas vraiment parler de BIM, car il n’y a pas ou peu de travail collaboratif.
NIVEAU 2
Correspondant au niveau minimal souhaité présentement par la plupart des grands donneurs d’ouvrage de la construction.
Mise en place du travail collaboratif entre les acteurs :
- Rends accessible les maquette de tous et chacun
- Permets de combiner toutes les maquettes de manière fédérée (Plusieurs disciplines liées les unes aux autres)
- Permets la coordination visuelle et la détection d’interférences entre les différents éléments de construction des maquettes d’une discipline à l’autre
- Permets une communication plus efficace entre les différents intervenants du projet afin d’optimiser la prise de décisions et la résolution de conflits potentiels
Comprends :
- Une maquette numérique 3D
- Des données non graphiques (informations pour une utilisation multiple telles que l’analyse énergétique, l’estimation de coûts, la gestion de projet, la préfabrication de certains éléments de construction et, éventuellement, la maintenance de l’ouvrage)
- Un plan de gestion BIM où on spécifie le mode de réalisation du projet, les objectifs recherchés, les responsabilités de chacun des principaux intervenants du projet, les moyens technologiques qui devront être mis en place et bien plus encore…
- De la documentation souvent liée aux éléments constituants de la maquette 3D
- Un format de fichier natif (format de fichier propriétaire du logiciel utilisé) ou un format de fichier d’échange tel que IFC (Industry Foundation Classes - format d’échange universel) afin d’assurer une interopérabilité de la maquette numérique entre les différents intervenants travaillant sur un même projet.
À ce stade, les données sont structurées dans un environnement commun et les processus de contrôle et d’échange sont clairement définis via le plan de gestion BIM. Il peut donc y avoir une collaboration étroite entre les différents intervenants du projet. Cependant, il peut y avoir des délais entre les échanges d’informations.
Bref, le BIM de niveau 2 permet :
- Un engagement de tous les acteurs beaucoup plus rapidement et par le fait même, cette approche permet une gestion plus rigoureuse de l’information grâce aux échanges plus rapides et plus complets
- Une meilleure compréhension du projet et une plus grande facilité à faire évoluer le projet en coordonnant les besoins et contraintes des différents intervenants sur le projet plus rapidement
- Une aide précieuse à la prise de décision puisque les problèmes potentiels sont plus faciles à comprendre et à visualiser
- Potentiellement, une meilleure organisation de chantier
- Une détection des problèmes et des interférences potentielles entre les divers corps de métier
- Une optimisation des coûts
- Et bien plus encore…
NIVEAU 3
Niveau optimal mais pas encore exigé dans l’industrie actuelle
Objectifs ultimes du BIM :
- Maquette unique et partagée par tous les intervenants sur le projet
- Intervention possible par tous et en même temps
Comprends :
- Le « Niveau 2 » +
- Un stockage de l’ensemble des documents sur un serveur centralisé
- Une accessibilité par tous les intervenants en temps réel
Les technologies actuelles permettent plus ou moins facilement l’accessibilité au Niveau 3 de manière optimale pour tous les acteurs. De plus, ce niveau de collaboration totale n’est pas sans poser des problèmes de propriétés intellectuelles, de responsabilités professionnelles et de réglementation de l’accès/modifications et d’enregistrement de la maquette numérique unique. Plusieurs discussions juridiques ont cours présentement à ce sujet.