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Extraction d’informations depuis une maquette numérique Revit ou IFC (Métrés) - Outils et Bonnes pratiques avec Benoît LECRIOUX

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L'un des usages très connu du BIM est l'extraction d'informations depuis une maquette numérique en vue généralement de réaliser un chiffrage. Cette possibilité peut effectivement permettre un gain de temps mais offre aussi l'avantage de matérialiser visuellement l'information et de lier des quantités à des objets géométriques. La mise à jour des données natives est de plus instantanée à chaque modification de l'élément.

En théorie, l'usage est assez simple puisqu'il suffit d'interroger la base de données de la maquette numérique. En réalité, il faut se poser de nombreuses questions avant d'utiliser ces données :

  • Qui est l'auteur de la maquette et tous les éléments à quantifier sont-ils modélisés ?
  • Quelle confiance de conformité peut être accordée à la maquette ?
  • Quel est le format natif de la maquette ?
  • Quel degré de précision ai-je besoin ?
  • A qui et pour quoi est destiné le métré ?
  • Quels sont les critères de décomposition du métré (niveau, finition…) ? Ces informations sont-elles présentes dans les objets ou faut-il les rajouter ? Est-ce possible ?
  • La découpe géométrique des éléments correspond-elle au métré à extraire ?

La diversité de provenances, de méthodes de modélisation et de logiciels font que ces interrogations doivent être systématiques avant toute utilisation de quantités.

Dans la suite de cet article, nous verrons diverses possibilités de métrés selon le format de la maquette d'origine, quelques points de vigilance qu'il faut avoir en tête et des solutions alternatives.


I. Métrés sur base d'un fichier REVIT

Pour faire un recensement des données, Revit utilise des Nomenclatures qui font appel aux propriétés des éléments, et ce par catégorie d'objet. Elles peuvent être nativement alimentées par des quantités comme le linéaire, la surface et le volume d'un Mur par exemple.


Ces données peuvent s'avérer vite insuffisantes et doivent être complétée. Pour cela il existe plusieurs méthodes !

Pour les Familles chargeables, des formules de calculs peuvent être intégrées directement à l'objet et automatiquement mise à jour en fonction de la déformation de celui-ci. Pour que ces valeurs soient accessibles dans la nomenclature du projet, l'utilisateur veillera à ce que qu'elles soient contenues dans des paramètres partagés. 

Dans l'exemple ci-dessous, on va par exemple faire ressortir le volume d'un casque béton au-dessus d'un pieu. Nativement, Revit aurait donné le Volume de l'ensemble casque + pieu.


Les paramètres peuvent être combinés entre eux pour créer des valeurs calculées directement dans les nomenclatures. Il faut juste veiller aux unités, Revit refusera d'afficher un résultat incohérent.


Il est possible d'automatiser des calculs à l'aide du complément de programmation visuel fourni avec Revit : Dynamo. Il permet de débloquer beaucoup de situation et je conseille à tout utilisateur Revit de se familiariser avec ! La programmation sera notamment utilisée pour effectuer des calculs qui font intervenir 2 éléments distincts mais reliés géométriquement ou mesurer la distance entre 2 objets. Une fois l'écriture du code terminé, il peut être lancé simplement via le Dynamo Player. L'exécution est généralement ponctuelle et nécessite donc d'être réitéré après une mise à jour sur les objets concernés.

Ci-dessous, pour illustrer, un exemple très simple pour calculer la hauteur de coffrage d'une dalle. Le code devient évidemment intéressant quand le calcul est fait sur toutes les dalles d'un projet après une sélection automatique de celles-ci.


La programmation en C-Sharp ou en Python en utilisant les API de Revit est également une solution mais elle s'adresse à un public d'utilisateur plus restreint disposant de compétences dans le domaine. Les principaux avantages de cette méthode par rapport à Dynamo sont la rapidité de calcul et la possibilité d'intégrer la fonction directement dans le ruban de commandes.

Une fois les nomenclatures complétées, celles-ci peuvent être exportées nativement en .csv (ou Excel en utilisant un plugin ou en programmant) pour être utilisées par des collaborateurs non formés à Revit. Ce qui offre une 5e possibilité puisque les données peuvent être à nouveau combinées pour effectuer des calculs supplémentaires.

Le paramétrage d'un gabarit intégrant des paramètres partagés, des Familles et des Nomenclatures personnalisées, complété ou non d'automatisations de calculs, est une tâche initiale impérative pour pouvoir ressortir le maximum d'informations d'un modèle. La personnalisation est donc fortement liée à la méthode de modélisation et aux objets utilisés ; ce qui implique généralement l'utilisation d'un modèle monté en interne ou provenant d'un bureau d'étude, d'un architecte dont on connaît la structure de fichier.


II. Métrés sur base d'un fichier IFC

Lorsqu'on ne dispose pas du fichier natif ou que celui-ci a été créé dans un autre logiciel que celui utilisé dans son entreprise, l'utilisation du format IFC s'impose. N'ayant pas la main sur le modèle pour effectuer des modifications ou ajouter de la donnée, l'usage consiste cette fois à extraire ces données et non plus à effectuer des calculs de quantités. Si l'information souhaitée n'est pas renseignée ou qu'elle ne peut être obtenue avec d'autres paramètres, il n'est pas possible de contourner ce manque.

Plusieurs solutions existent sur le marché, payantes pour la plupart, mais je comme j'aime assez bien utiliser ce qui est gratuit (!), je vais commencer par une solution accessible à tous.

1. eveBIM

La visionneuse multi-échelles conçue par le CSTB peut être complétée d'une extension appelée « Export propriétés » permettant d'interroger la base de données et d'envoyer le résultat vers Excel.


2. Solibri Model Checker

En plus du contrôle règlementaire et de la détection de conflits, SMC propose une fonctionnalité « Information TakeOff » pour ressortir la donnée. Le résultat de l'extraction est ensuite exportable vers Excel. Bien que la génération du rapport doivent se faire avec SMC, le résultat peut lui être partagé au format .smc pour être lisible avec le viewer gratuit Solibri Model Viewer (SMV) ; ce qui offre l'avantage de disposer du repérage visuel entre le modèle et la ligne de quantité. 


3. BIMSync

Les plateformes collaboratives sont relativement récentes sur le marché et on peut s'attendre à ce qu'elles s'enrichissent de nouvelles fonctionnalités au fil du temps pour se démarquer. Bimsync propose par exemple une fonction d'avant-métrés permettant d'extraire une partie de la base de données et de l'exporter vers Excel. Toutes les propriétés étant exportées sans filtre possible, la sélection préalable des objets doit être judicieuse. D'autant plus que la plateforme limite le nombre d'objet à 1000 actuellement.



III. Les logiciels métiers dédiés

Les solutions présentées précédemment permettent d'obtenir des quantités mais une étape supplémentaire est nécessaire pour les relier à un prix unitaire et établir un devis. Des logiciels destinés à l'économie de projet et au chiffrage permettent une liaison entre les objets d'une maquette numérique et leurs quantités à une bibliothèque de prix et à un descriptif. N'ayant pas testé personnellement ces solutions, je me contenterai d'en mentionner quelques-unes :

  • ATTIC+ 
  • JustBIM
  • PriMus 
  • BIM Office 
  • CYPEPROJECT 

Cet article avait pour objectif de recenser plusieurs méthodes pour effectuer un métré depuis une maquette numérique. Je n'ai certainement pas été exhaustif dans la citation des logiciels, j'invite donc les lecteurs à laisser un commentaire pour enrichir cette base !

En fonction du métier et de l'origine des modèles utilisés, chacun doit trouver sa propre méthodologie pour exploiter au mieux cette base de données. Quelle que soit la solution choisie, il faut garder à l'esprit qu'une réflexion et un paramétrage préalable est indispensable et que cette étape prend du temps. Faute d'une norme de modélisation et d'un cadre contractuel sur la diffusion des maquettes numériques, cet effort est à réitérer à chaque projet et conduit généralement aujourd'hui à une remodélisation aux standards de sa propre entreprise. Cette pratique est malheureusement contraire aux fondements même du BIM et prouve que la collaboration entre les différents acteurs doit encore se renforcer.

Ce cas d'usage reste bénéfique dans l'utilisation d'une maquette numérique quand on prend en compte l'intérêt global et permet une meilleure maîtrise du budget.


Benoît LECRIOUX
BIM influencer @ HEXABIM
Responsable BIM chez Cardinal Edifice / NGE

 

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