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[10 ans de BIM] Société des Grands Projets : retours d’expérience sur le Grand Paris Express - ITW Nicolas Delrieu

[10 ans de BIM] Société des Grands Projets  retours d’expérience sur le Grand Paris Express - ITW Nicolas Delrieu

Depuis près d'une décennie, le BIM s'impose progressivement comme un levier essentiel pour transformer les pratiques dans le secteur de la construction en France. À l'occasion de cet anniversaire symbolique, HEXABIM a entrepris une série d'entretiens exclusifs avec des maîtres d'ouvrage (MOA) français pour mieux comprendre leurs retours d'expérience et leur vision du BIM.

Cette série, qui met en avant la collaboration entre plusieurs MOA, s'inscrit dans une volonté de refléter les avancées, mais aussi les défis, des démarches BIM dans des projets d'envergure. Dans ce premier volet, nous nous intéressons à la Société des Grands Projets (SGP), responsable du Grand Paris Express, le plus grand projet d'infrastructure d'Europe et le 4eme dans le monde.

Ce qui vous attend dans cet article :

  • Comment la SGP utilise le BIM pour assurer une coordination et une gestion rigoureuse dans un projet aussi vaste et complexe.
  • L'impact du BIM sur la durabilité et la résilience des infrastructures dans un contexte d'éco-conception et de décarbonation.
  • Une interview exclusive de Nicolas Delrieu, expert en stratégie BIM à la SGP, qui partage son retour d'expérience et ses perspectives sur l'avenir du BIM dans les infrastructures.

Enjeux clés abordés :

  • Le rôle du BIM dans la centralisation des données pour des projets d'infrastructure.
  • L'utilisation du BIM pour anticiper les performances environnementales des ouvrages.
  • Les apprentissages et ajustements nécessaires pour maximiser la valeur ajoutée du BIM.

Laissez-vous guider à travers une plongée fascinante dans les coulisses d'un projet d'infrastructure révolutionnaire. Bonne lecture !


Un suivi rigoureux et une collaboration optimisée pour le Grand Paris Express

Dans le cadre du Grand Paris Express, l'un des projets d'infrastructure les plus ambitieux d'Europe, la SGP a choisi de faire du BIM un levier de coordination et d'optimisation pour garantir le succès de chaque étape. La centralisation des données BIM assure une gestion précise et un contrôle strict des informations, permettant une meilleure collaboration entre les différentes parties prenantes. En intégrant des maquettes numériques détaillées, la SGP minimise les risques d'incohérence et favorise une gestion intégrée, du concept à la réalisation.

Vers une infrastructure durable et résiliente

Dans le cadre du renforcement de sa stratégie environnementale en 2021, la SGP a intégré dans plusieurs de ses marchés, en conception-réalisation, l'utilisation du BIM pour le suivi des objectifs de décarbonation. Retour d'expérience à venir. Elle ambitionne d'aller plus loin et réfléchit également à l'usage éventuel du BIM comme outil de pilotage pour améliorer la performance environnementale de ses futurs projets sur d'autres volets (économie circulaire, biodiversité, …), par la simulation de différentes variantes et solutions pour renforcer la démarche d'éco-conception. Cette vision à long terme vise pour la SGP une meilleure intégration des critères environnementaux dès les phases amont de conception, assurant ainsi que les infrastructures puissent répondre aux exigences de durabilité futures.

Les usages BIM contractualisés sur les marchés de type Loi MOP du Grand Paris Express (Lignes 15 Sud, 16, 17 et 18)

Usages BIM contractualisés sur les marchés de type conception / réalisation du Grand Paris Express, et les usages sur chantiers (pas forcement contractualisés)


Interview de Nicolas Delrieu

Dans cet entretien exclusif, Nicolas Delrieu nous livre les pistes de réflexions explorées par la SGP sur les apprentissages liés au BIM, les gains spécifiques pour la maîtrise d'ouvrage, et les défis restants pour faire du BIM un levier stratégique.

Si vous deviez recommencer, que feriez-vous différemment dans l'implémentation du BIM ?

Si je devais recommencer, je ferais trois choses différemment. Premièrement, je n'ajouterais pas une démarche BIM à des contrats déjà en cours d'exécution, mais j'attendrais une nouvelle phase du projet pour le faire. Je m'appuierais également davantage sur des documents créés ou des démarches déployées par d'autres maîtres d'ouvrage (MOA) pour mieux répondre à nos besoins spécifiques. Enfin, je porterais plus d'attention à la structuration, la classification, la codification et les niveaux de définition des données BIM, des aspects souvent négligés dans les déploiements en France. En prenant ces mesures, nous pourrions éviter les erreurs passées et améliorer l'efficacité et la cohérence de l'implémentation du BIM.

D'après votre expérience, quels sont les bénéfices tirés du BIM par le maître d'ouvrage ?

Les bénéfices du BIM pour une MOA sont de deux natures. D'une part, il y a des avantages communs à tous les acteurs, comme la puissance visuelle du BIM, l'amélioration de la performance grâce à la 3D et la continuité numérique. Ces éléments facilitent la compréhension et la maîtrise du projet. D'autre part, il y a des bénéfices spécifiques aux MOA, tels que la transparence, la visibilité et la confiance. Le BIM permet de vérifier les quantités, la conformité aux exigences et la cohérence entre les phases, réduisant ainsi les risques et améliorant la gestion du projet. En somme, le BIM confère au MOA une plus grande confiance et une meilleure maîtrise de son projet, permettant de corriger certaines mauvaises habitudes de travail, souvent ancrées dans le secteur.

Quelles barrières reste-t-il à franchir pour que le BIM devienne un atout encore plus stratégique dans les projets d'envergure ?

Les principales barrières incluent plusieurs aspects. L'hétérogénéité des niveaux de maturité BIM parmi les acteurs est une difficulté majeure. Les grandes entreprises ont fait des progrès significatifs, mais les petites et moyennes entreprises (PME) et très petites entreprises (TPE) peinent encore à adopter pleinement le BIM. Cette disparité rend difficile l'harmonisation des pratiques. Ensuite, le faible niveau de déploiement du BIM en termes de nombre de personnes convaincues et travaillant en BIM au quotidien limite son adoption généralisée. Enfin, il me semble crucial de travailler sur la standardisation des exigences BIM, la classification et les dictionnaires de données communs. Cela permettrait de faire du BIM un atout stratégique, en simplifiant certaines tâches et en rendant le BIM accessible au quotidien.


A propos de Nicolas Delrieu

Nicolas Delrieu est un professionnel aguerri des travaux publics, avec une solide formation en ingénierie acquise à l'École des Hautes Études d'Ingénieur (HEI) de Lille. Après des débuts pratiques sur le terrain et une réorientation vers les bureaux d'études suite à un accident en Nouvelle-Calédonie, il a su évoluer au sein de plusieurs entreprises de travaux publics, occupant divers postes de responsabilité. En 2014, il change de voie en rejoignant une première maitrise d'ouvrage publique, l'ANDRA, et se voit confier un rôle dans le projet national Minnd, centré sur le déploiement du BIM pour les infrastructures, avant de rejoindre la Société des Grands Projets (SGP) en 2019. Dans ce cadre, il met son expertise au service de la stratégie BIM de la SGP, contribuant ainsi aux avancées du BIM dans les projets d'infrastructure en France. 

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Dans le prochain article de cette série, nous découvrirons une nouvelle perspective d'un maître d'ouvrage engagé dans le déploiement du BIM. Restez à l'écoute pour enrichir votre vision des stratégies et des usages BIM !

Si vous êtes intéressé à partager votre retour d'expérience, n'hésitez pas à nous contacter.

 

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