Décryptage et retours sur l’implémentation du BIM dans les marchés publics (Webinaire DG GROW | EU)
Le 21 mai, un webinaire organisé par la DG GROW de la Commission européenne (Direction générale du marché intérieur, de l'industrie, de l'entrepreneuriat et des PME) a rassemblé des experts pour discuter de l'intégration du BIM dans les procédures de passation de marchés publics pour les projets d'infrastructure. Ce webinaire visait à introduire les parties prenantes aux bénéfices et aux défis de l'utilisation du BIM dans ce contexte, en particulier en vue de faciliter une adoption plus large et plus efficace dans l'UE.
Intervenants
Michael FRUHMANN, Directeur du droit des marchés publics au ministère fédéral de la Justice en Autriche. Gabriella Margherita Racca, professeure de droit administratif à l'Université de Turin. Aida Joaquín Acosta, Chef de cabinet de la Vice-Ministre des Transports et de la Mobilité durable en Espagne.
Informations à retenir
Les contributions des intervenants ont fourni des perspectives précieuses :
- Dr Michael FRUHMANN a exploré la relation entre les directives de marchés publics de l'UE et le BIM, en soulignant comment les outils numériques comme le BIM peuvent être utilisés pour améliorer les procédures de passation de marchés.
- Professeur Gabriella Margherita Racca a mis en avant les implications juridiques du BIM, soulignant les avantages d'une gestion collaborative et intégrée des informations tout au long du cycle de vie du projet.
- Aida Joaquín Acosta a présenté le plan national espagnol pour le BIM, qui vise à améliorer l'efficacité des dépenses publiques et à faciliter la transformation numérique du secteur de la construction en Espagne.
Les interventions ont révélé plusieurs stratégies clés pour l'intégration réussie du BIM :
- Gestion des données : Le BIM permet une gestion intégrée des données tout au long du cycle de vie d'un projet, réduisant les asymétries d'information et facilitant la collaboration entre les parties prenantes.
- Réduction des coûts : Bien que la mise en œuvre du BIM puisse initialement entraîner des coûts plus élevés, les économies réalisées grâce à une meilleure gestion des projets, à la réduction des erreurs et à une meilleure coordination dépassent souvent ces coûts initiaux.
Et la France dans tout cela ?
L'intégration du BIM dans les marchés publics français peut s'inspirer des enseignements tirés des expériences internationales tout en adaptant ces pratiques aux spécificités locales. L'approche progressive, comme le montre le modèle espagnol, est essentielle pour assurer une adoption harmonieuse du BIM, en tenant compte de la diversité des projets et de la maturité des acteurs impliqués.
En France, cela se traduit par des initiatives comme la Charte BIM 2022 et le Plan BIM 2022-2025, qui visent à renforcer les compétences et à structurer les étapes d'intégration. La formation continue des professionnels, en particulier ceux des PME, est cruciale pour développer une maîtrise des outils numériques et des standards ouverts comme l'IFC. Par ailleurs, le soutien aux PME, à travers des plateformes collaboratives comme KROQI, facilite leur accès au BIM en réduisant les barrières technologiques et financières. Un cadre réglementaire clair mais adaptable, inspiré des modèles britannique et espagnol, est nécessaire pour harmoniser les pratiques tout en permettant des adaptations locales.
Enfin, la promotion de l'interopérabilité et la normalisation des données doivent être prioritaires pour garantir une utilisation flexible et collaborative des outils BIM. En mettant en place des projets pilotes et en établissant des plates-formes d'observation, la France peut mieux piloter et suivre l'impact du BIM, ajustant les stratégies en fonction des retours d'expérience. Ces efforts combinés positionnent la France pour maximiser les avantages du BIM, améliorant ainsi la transparence, l'efficacité et la durabilité de ses projets de construction.
Le BIM n'est que le début d'une transformation plus large dans la gestion des infrastructures publiques. En combinant le BIM avec des technologies émergentes telles que l'intelligence artificielle (IA) et l'Internet des objets (IoT), les autorités peuvent améliorer encore davantage la gestion des infrastructures, en optimisant la conception et la maintenance, et en facilitant la transition vers une économie circulaire et durable