[Décryptage] BIM World 2025 confirme la quête de sens et de ROI

Tendances, Défis et Perspectives pour l'Écosystème 

Le rideau est tombé sur BIM World | Jumeaux Numériques 2025, laissant derrière lui une effervescence palpable et de nombreuses questions sur l'avenir de la digitalisation dans la construction. Chez HEXABIM, nous avons voulu aller au-delà des annonces et des allées bondées. En analysant plusieurs centaines de publications LinkedIn issues directement des participants, exposants et observateurs présents à Paris Porte de Versailles (après un filtrage ciblé d'une base initiale de plus de 700 posts), nous avons tenté de capter le pouls réel de l'écosystème. 

Que retiennent vraiment les professionnels ? Quelles tendances se confirment ? Quels besoins émergent ? Voici notre décryptage, basé sur vos retours et partages. 

1. L'expérience salon : entre effervescence et attentes

Au-delà des annonces techniques et des démonstrations produits, les publications LinkedIn offrent un aperçu précieux de l'expérience vécue par les participants au BIM World 2025. Une tonalité générale positive se dégage nettement, marquée par l'enthousiasme des "retrouvailles" et la densité des "échanges passionnants" et "enrichissants", que ce soit sur les stands ou dans les allées. 

Le salon est massivement perçu comme le rendez-vous incontournable pour le networking et la prise de pouls de l'écosystème BIM francophone. L'affluence notable ("beaucoup de monde") a rendu l'expérience "intense" et "fatigante" pour beaucoup, mais cette intensité est souvent décrite comme stimulante et source d'"inspiration" et de "belles perspectives". Cependant, cette énergie positive est parfois nuancée par des critiques récurrentes : certains pointent du doigt des "discours (trop) commerciaux" lors de conférences ou sur les stands, tandis que d'autres, souvent les habitués, expriment un sentiment de "déjà-vu" ou un léger manque de nouveautés réellement disruptives par rapport aux éditions précédentes. 

Globalement, le BIM World 2025 semble avoir confirmé son statut de carrefour essentiel pour la communauté, un moment exigeant mais valorisé pour sa capacité à connecter les acteurs et à partager une vision, même si une partie de l'audience exprime une attente continue de contenus plus approfondis, plus pragmatiques ou radicalement nouveaux.

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2. L'Ère des jumeaux numériques : de la vision à l'usage (et aux données !)

Sans conteste, le Jumeau Numérique (DigitalTwin) a été la star des conversations. Loin d'être un simple concept marketing, on sent une volonté claire de passer à des applications concrètes. Les posts évoquent son utilisation pour :

• La Gestion d'Actifs Complexes : Infrastructures (ponts, aéroports comme Lyon mentionné par Egis), bâtiments industriels, patrimoine existant.
• L'Aménagement Territorial (CIM) : Des villes comme Pau, Toulouse (Grand Matabiau) ou Monaco partagent leurs avancées, intégrant données SIG et BIM pour une planification urbaine plus intelligente (gestion ZAN, cadastre solaire, etc.).
• L'Exploitation et la Maintenance (GEM/GMAO) : L'enjeu est de connecter le modèle BIM aux systèmes d'exploitation pour un suivi en temps réel, une maintenance prédictive et une optimisation des performances (notamment énergétiques).
• Le Besoin Réel : La complexité réside dans l'intégration des différentes sources de données (BIM, SIG, IoT, scans 3D) et la définition de cas d'usages clairs et rentables. L'interopérabilité et la structuration de la donnée sont plus cruciales que jamais. Les professionnels cherchent des plateformes robustes et des méthodologies éprouvées pour ne pas créer des "usines à gaz" numériques.

3. L'IA dans le BIM : l'heure du pragmatisme a sonné ?

L'Intelligence Artificielle (IA) était partout, mais avec une tonalité plus nuancée que l'an dernier.

• Le Potentiel : Optimisation de la conception (générative design, mentionné par Dassault Systèmes et d'autres), analyse de données massives, reconnaissance d'objets/texte dans les documents, automatisation des tâches répétitives.
• Les Limites Actuelles : Plusieurs posts expriment un scepticisme quant à la maturité des solutions IA terrain. La fiabilité, le manque de cas d'usages concrets avec ROI démontré, et les questions de confiance/souveraineté des données freinent une adoption massive immédiate. Certains notent même une "absence" perçue de l'IA réellement disruptive par rapport au buzz.
• Le Besoin Réel : Démystifier l'IA. Identifier les applications qui apportent une valeur ajoutée prouvée au-delà de l'effet "démo". Former les équipes à utiliser ces outils de manière critique et pertinente.

4. Maturité du BIM : recherche de ROI, de simplicité et d'accessibilité

Dix ans après les débuts du BIM en France (thème d'un livre et d'une conférence phare au salon), le secteur semble entrer dans une phase de maturité. Fini le BIM pour le BIM.

• Le Pragmatisme : Les professionnels, notamment les PME/TPE et les MOA, cherchent des usages concrets et rentables (#ROI). Le "BIM pour Tous", plus accessible, revient en force.
• Focus Exploitation : La valeur du BIM après la construction est un sujet majeur. Comment rendre les DOE Numériques réellement exploitables pour la #GEM et la #GMAO ? Plusieurs posts pointent la difficulté d'utiliser les maquettes BIM natives en phase exploitation.
• Critique de la Complexité : Certains posts (parfois virulents !) dénoncent une complexification excessive, des outils "gadgets" ou des discours trop commerciaux déconnectés des réalités du chantier.
• Le Besoin Réel : Justifier l'investissement, simplifier les processus, adapter les outils aux besoins spécifiques de chaque acteur et de chaque phase, et surtout, former les équipes à ces usages à valeur ajoutée.

5. Collaboration & Interopérabilité : les fondations indispensables

Ces thèmes restent des piliers centraux.

• Les CDE (Common Data Environment) : Essentiels pour centraliser l'information et fluidifier les échanges. Les plateformes comme #AutodeskConstructionCloud, #Mezzoteam, #Kroqi, #Revizto sont souvent citées.
• L'#OpenBIM et l'#IFC : L'interopérabilité est LA clé pour faire communiquer les différents logiciels et métiers. buildingSMART France était très présent, promouvant les standards ouverts.
• Les Standards (#ISO19650) : La norme s'impose comme le cadre de référence pour organiser les processus et les échanges d'information.
• Le Besoin Réel : Maîtriser les plateformes collaboratives, comprendre et appliquer les standards d'échange, et surtout, développer une culture de la collaboration basée sur la confiance et des processus clairs (BEP, MIDP, etc.).

6. La donnée au centre du jeu (le "I" de BIM)

On observe un glissement net : l'attention se porte moins sur la beauté de la maquette 3D que sur la qualité, la structuration et l'exploitabilité de l'information qu'elle contient.

Le Besoin Réel : Développer des compétences en #DataManagement spécifiques au BIM. Savoir définir quelles données sont nécessaires, comment les structurer et comment les maintenir à jour tout au long du cycle de vie pour qu'elles soient utiles en conception, en construction ET en exploitation.

7. Technologies terrain : ancrer le digital dans le réel

Les outils connectant le virtuel et le chantier physique gagnent en visibilité.

• #ScanToBIM : Le relevé de l'existant via #LiDAR ou #Photogrammétrie est un cas d'usage mature et très demandé.
• #RéalitéAugmentée (AR) / #RéalitéVirtuelle (VR) : Mentionnées pour le contrôle qualité, l'aide à la décision sur site, la formation immersive et la revue de conception. Des acteurs comme #GammaAR, #Next-BIM, #Dalux, #Trimble sont cités.
• Le Besoin Réel : Démocratiser l'accès à ces technologies (coût, facilité d'usage) et surtout, les intégrer de manière fluide dans les workflows existants pour un bénéfice tangible.

8. Durabilité : le BIM comme outil stratégique

La #Décarbonation, la #PerformanceÉnergétique (RE2020, DPE), et l'#ÉconomieCirculaire (#Réemploi, gestion des déchets) sont des moteurs forts pour l'adoption du BIM.

Le Besoin Réel : Utiliser le BIM pour l'Analyse de Cycle de Vie (ACV), la quantification des matériaux pour le réemploi, la simulation énergétique, et la traçabilité des produits/matériaux (lien avec les FDES/PEP via des bases comme #INIES).

9. Le Fil Rouge : vers un BIM axé sur la valeur et l'Humain

Au-delà des technologies, le BIM World 2025 semble marquer un tournant vers plus de pragmatisme. L'écosystème cherche des solutions qui résolvent des problèmes concrets et apportent une valeur mesurable. La qualité de la donnée devient plus importante que la sophistication du modèle 3D. Et malgré la digitalisation, l'humain, la collaboration et la confiance restent les ingrédients essentiels du succès. L'importance de la formation et de la montée en compétences est plus évidente que jamais.

10. Perspectives pour les professionnels : où se positionner?

• Pour tous : Continuez à vous former ! La maîtrise des fondamentaux (standards, processus collaboratifs) est clé. Développez votre culture de la donnée.
• Architectes/Ingénieurs (Conception) : Explorez l'IA pour l'aide à la conception et l'automatisation, intégrez les contraintes de durabilité dès l'amont, maîtrisez les outils de coordination.
• Entreprises/Conducteurs de travaux : Intéressez-vous aux outils terrain (AR, scan), aux CDE pour le suivi de chantier, et au BIM pour la préparation et l'optimisation (4D/5D).
• BIM Managers/Coordinateurs : Devenez des experts de la donnée, des standards, de l'interopérabilité et des plateformes collaboratives. Accompagnez le changement et la montée en compétence des équipes.
• Exploitants/Gestionnaires de Patrimoine : Clarifiez vos besoins en données pour la #GEM/GMAO. Explorez les solutions de Jumeaux Numériques orientées exploitation et la connexion BIM-GMAO-GTB.
• MOA/Promoteurs : Définissez clairement vos objectifs BIM (EIR), exigez des livrables utiles et mesurez le ROI. Intéressez-vous au "BIM pour Tous" si vous êtes une structure plus modeste.

Un écosystème en pleine maturation

Pour conclure, le BIM World 2025 a montré un écosystème dynamique, foisonnant d'innovations, mais aussi en pleine introspection. La course à la technologie pure semble laisser place à une recherche plus affirmée de sens, de valeur et d'efficacité. Le futur du BIM se construira sur des bases solides : des données fiables, des processus clairs, une collaboration renforcée et, surtout, des professionnels bien formés et capables d'adapter ces outils à leurs réalités terrain.