Cybersécurité et BIM : tout sur les risques liés à la transition numérique de la construction
Le BIM offre de multiples apports pour la construction d'un immeuble, sa réhabilitation, sa gestion et même sa démolition/reconstruction. Les données alimentant la maquette 3D servent à l'optimisation de l'ensemble de ces processus, générant des gains de productivité donc de coûts.
Ces data représentent aussi des risques nouveaux ou d'une intensité sans commune mesure avec le passé. C'est notamment le cas en matière de cybersécurité. Face à ce nouvel environnement, il convient de prendre en compte ces risques, en les prévenant comme en les traitant.
Pour éclairer ce sujet, HEXABIM a interrogé Mme Clotilde ZUCCHI – Directeur Département Branches Spécialisées du groupe SMA, qui propose une garantie contre les cyber-risques des données chantier, et Maître David Richard du cabinet Lex Terra Avocat.Maître David Richard - Lex Terra Avocat
Oui, il me semble. Le BIM appartient au monde des nouvelles technologies au moins autant qu'à celui de la construction, et dans cet environnement la cybersécurité est un élément à part entière, en particulier à l'heure d'un tournant majeur en matière de protection des données personnelles. Souvent d'ailleurs, les contrats de BIM Manager abordent cet aspect en faisant de cet acteur le garant contre les cyber-risques.
La réponse est ici moins évidente. D'abord, le cyber-risque demeure un sujet encore nouveau, et c'est particulièrement vrai en présence du BIM, qui est un processus relativement récent, numérique par principe et collaboratif, faisant qu'il existe indiscutablement une part d'inconnue sur l'évaluation de ces menaces.
On peut imaginer aussi un volet social avec certains salariés, puisque nombre de cybercrimes comportent un volet interne (imprudence, négligence voire malveillance), et la responsabilité des dirigeants de l'entreprise. En présence de données personnelles au sein du BIM, se pose la question du respect de la réglementation et des sanctions qui y sont associées provenant des autorités de tutelles, sanctions y compris financières.
Mme Clotilde ZUCCHI - Groupe SMA
Que proposez-vous pour les risques numériques liés à un chantier de construction ?
Notre connaissance détaillée de l'ensemble des phases d'un projet de construction, notre suivi de l'évolution de l'ensemble des métiers liés au BTP dont la transformation numérique du bâtiment, ainsi que notre maitrise des risques liés à l'utilisation des nouvelles technologies, nous a permis de mettre en exergue le fait que les risques numériques liés à un chantier ne pouvaient être correctement adressés qu'à travers une convention d'assurance spécifique attachée à un contrat TRC.
Les contrats TRC ayant pour vocation de protéger le chantier de l'ensemble des évènements susceptibles de l'arrêter ou de le retarder grandement, c'est tout naturellement que nous avons inclus la dimension des risques numériques au sein de nos contrats TRC. C'est la façon la plus efficace de permettre la poursuite de la construction d'un ouvrage en cas d'indisponibilité des systèmes d'informations ou des données numériques du chantier, et de protéger l'ensemble des intervenants à un chantier.
Quels sont exactement les risques couverts dans ce cadre ?
Nous couvrons les risques de cyber attaques, d'erreurs humaines et de pannes concernant les données numériques du chantier, et les systèmes d'information permettant de les mettre en commun. Cette mise en commun des données à tous les intervenants peut passer par de simples échanges informatiques, ou par des plateformes d'échanges hébergées localement ou sur le cloud ; ou prendre la forme d'une maquette numérique mise en place en BIM. Nous souhaitons protéger l'ensemble des données numériques d'un chantier, quelle que soit la façon dont elles sont échangées ou travaillées.
Au-delà des risques couverts, notre contrat donne également accès à une plateforme d'assistance et de gestion de crise 24 h/24 et 7j/7, permettant à l'assuré de qualifier les attaques et les risques encourus, et de l'accompagner dans la limitation et la réparation des dégâts.
Concrètement, comment cela se passe-t-il en cas d'une cyberattaque ?
Nous conseillons à nos assurés de débrancher les ordinateurs concernés du réseau et d'appeler immédiatement la plateforme d'assistance, quand bien même l'assuré dispose d'un service informatique capable d'intervenir, afin de déterminer les premières mesures à prendre pour éviter que l'attaque ne se répande ou ne s'enfonce davantage dans le cœur des systèmes informatiques.
L'expérience montre qu'à tenter de résoudre seule une attaque, certaines entreprises ont permis au virus de s'implanter encore davantage dans un système informatique dont il devient quasiment impossible de le déloger.
Immédiatement après, nos experts travaillent, en coordination avec l'assuré, sur les solutions de remédiation à mettre en place.
L'appel à la plateforme donne lieu, en parallèle, à une déclaration de sinistre à partir de laquelle nous prenons attache avec l'assuré, afin de déterminer, au cas par cas, la meilleure conduite à tenir.
Nous indemniserons l'assuré des frais de décontamination, des frais de reconstitution des données, des frais de notification auprès des tiers, des frais de gestion de crise, et sur accord express de notre part, des rançons qu'il aurait été indispensable de supporter.