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Construction durable et BIM : entre ambitions et mise en œuvre

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Après avoir analysé les freins à l'adoption du BIM, place à une autre question essentielle : le numérique peut-il vraiment accélérer la transition écologique dans la construction ?

Les ambitions sont là : optimiser les ressources, limiter l'empreinte carbone, améliorer la performance énergétique. Mais entre intentions et réalité du terrain, qu'en est-il vraiment ? Les données HEXABIM de ces dix dernières années mettent en lumière les avancées, mais aussi les obstacles qui freinent encore l'impact du BIM sur la durabilité.

Décryptage.


Où en est-on réellement ?

Il y a dix ans, parler de BIM et d'écoconstruction relevait presque de l'utopie. Aujourd'hui, c'est devenu un argument clé dans les stratégies numériques des grands projets. Mais entre les discours et la mise en œuvre, il y a une nuance.

Ce qui fonctionne déjà :

  • L'optimisation des ressources : grâce aux quantités précises calculées dans les maquettes, certains projets ont pu limiter le gaspillage de matériaux.
  • Les simulations énergétiques : anticiper la consommation d'un bâtiment dès la conception est désormais une pratique courante dans certains bureaux d'études.
  • L'analyse du cycle de vie (ACV) : une démarche qui prend de l'ampleur, mais qui reste encore complexe à appliquer au quotidien.

Là où ça coince :

  • L'accessibilité des outils : intégrer des indicateurs environnementaux dans le BIM demande des logiciels, des formations et une approche souvent perçue comme trop lourde.
  • Le manque de standardisation : partager des données environnementales entre outils et intervenants relève parfois du parcours du combattant.
  • Une adoption en silo : beaucoup d'acteurs parlent de durabilité, mais l'intégration du BIM dans ces démarches reste souvent cloisonnée aux projets d'envergure.

Le BIM peut-il vraiment rendre la construction plus verte ?

Le BIM est un formidable outil… mais encore faut-il bien l'utiliser. Car entre les maquettes bien modélisées et la réalité du chantier, il y a un monde.

Ce qu'il peut (vraiment) apporter :

  • Anticiper les performances énergétiques : comparer différentes variantes d'un projet en amont permet de choisir les solutions les plus économes en énergie.
  • Gérer les flux de matériaux : en intégrant mieux la logistique et le recyclage, le BIM pourrait réduire les déchets générés sur les chantiers.
  • Faciliter la rénovation énergétique : le BIM permet d'établir un état des lieux précis des bâtiments existants, un atout clé pour les projets de réhabilitation.

Pourquoi ce n'est pas encore systématique ?

  • Les outils existent, mais restent sous-exploités : peu de projets intègrent réellement une approche BIM environnementale complète.
  • Trop d'inertie dans les pratiques : malgré l'essor des maquettes numériques, la gestion des ressources reste encore majoritairement une affaire d'habitudes et d'intuitions.

Ce qu'il manque pour aller plus loin

Interopérabilité et standardisation : l'échange de données environnementales est encore trop compliqué. Intégrer des indicateurs de performance dès la conception et les transmettre jusqu'à l'exploitation devrait être une évidence.

Éducation et formation : un BIM orienté durabilité demande des compétences spécifiques, qui ne sont pas encore suffisamment répandues.

Des projets pilotes plus accessibles : pour que la transition soit réelle, il faut des démonstrateurs concrets adaptés à tous types de structures, pas seulement aux grandes entreprises.

On fait quoi maintenant ?

Si le BIM veut être un levier de la transition écologique, il doit dépasser l'effet vitrine et s'ancrer dans des pratiques réelles. Quelques pistes concrètes qui émergent des discussions sur HEXABIM :

  • Intégrer systématiquement des outils d'évaluation carbone dans les maquettes, dès les premières phases de conception.
  • Encourager l'utilisation du BIM dans les projets de rénovation plutôt que de le limiter aux nouvelles constructions.
  • Développer des formations courtes et pratiques sur le BIM et la durabilité, adaptées à tous les niveaux de maturité.

Concluons...

Le BIM a les cartes en main pour jouer un rôle clé dans la transition écologique, mais il reste encore du travail pour que son potentiel soit pleinement exploité. L'outil est là, les ambitions aussi, mais entre la théorie et la pratique, le chemin est encore semé d'embûches.

D'ailleurs, cette transition ne concerne pas que les outils et les méthodologies, elle impacte aussi directement les compétences et les métiers. Car pour que le BIM devienne un véritable levier de transformation, il faut aussi des professionnels formés, capables d'en tirer pleinement parti.

Et c'est justement ce que nous verrons dans notre prochain article : comment les métiers du BIM ont évolué en dix ans. BIM Manager, coordinateur, développeurs de scripts, spécialistes en durabilité… Quels sont les profils d'aujourd'hui et de demain ? À suivre ! 

 

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