“Défis et opportunités pour les femmes dans le BIM”, retours sur la soirée Women In BIM France

La semaine dernière a eu lieu le premier évènement de l’organisation Women In BIM en France. Cette soirée a été l’occasion de partages d’expériences et de réflexions de la part de femmes faisant partie des personnalités les plus renommées du monde du BIM francophone. Responsables de services relatifs au BIM et au numérique dans leurs organisations respectives, elles sont également impliquées dans de multiples actions relatives au développement du BIM de manière générale. Cet article est une synthèse des sujets qu’elles ont abordés, sous le thème des défis et opportunités pour les femmes dans le BIM.

Il y a des traits de personnalité qu’on retrouve davantage chez les femmes que chez les hommes.

Provoquées par nos patrimoine génétiques différents selon les uns, ou plus probablement par un conditionnement lié à l’histoire de nos sociétés, des croyances limitantes vis-à-vis des uns et des autres se sont développées. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, nous en tirons inconsciemment des biais et des traits de personnalités plus ou moins adaptés aux enjeux du monde, comme ceux de la construction et du BIM.

La première de ces caractéristiques touche à la confiance en soi

Il est souvent plus difficile d’affirmer sa voix avec confiance quand on est une femme. Surtout car la société les veille et ne manquera pas de pointer leurs erreurs plus facilement que celles des hommes. Ce qui en génère une tendance à vérifier et revérifier leur travail avant de le soumettre.

Un point positif serait la tendance à produire un travail de meilleure qualité. Au prix de la pression mise à soi-même et du temps à passer, pour chercher à persuader les autres de croire en elles. Et elles-même de se faire confiance.

La formation comme arme et comme bouclier

Une des armes des femmes contre leur propre manque de confiance en elle est leur niveau de formation. Au plus elles ont de diplômes, au plus elles se sentent légitimes à leur poste.

Bien sûr les diplômes et formations permettent une base technique solide pour aborder un sujet. Que ce soit de manière évidente comme un diplôme relatif à la construction ou pas du tout, il y a toujours des qualités appliquées directement à nos métiers et à leurs enjeux très étendus.

Par exemple, la rédaction de documents explicites et fluides est un grand atout pour l’adhésion de tous les intervenants du projet, le BIM étant souvent accompagné d’une résistance significative au changement. Alors une formation en lettres est tout à fait valorisable.

La prise en considération des managers et recruteurs pour les femmes

Malgré tout, à formation et expériences égales les constats sont clairs, les hommes bénéficient de plus de reconnaissances que les femmes dans l’attribution des postes et le niveau de salaire. Autant dû au fait que les femmes osent moins demander une évolution de carrière qu’au fait que les managers et recruteurs voient parfois moins leur légitimité.

Alors quand un homme a une promotion, on l’attribue à son expérience et sa formation. Quand une femme a une promotion, on la commente en disant que cela est le résultat de quota appliqué à l’entreprise ou d’autres raisons déplacées. En oubliant leurs compétences.

La maternité, entre dévalorisation injustifiée et sérieux atouts

L’attente d’un enfant passe par une pause de carrière, bien plus longue pour une femme que pour un homme. Et cela est encore trop souvent synonyme de perte de vitesse pour l’évolution de ces premières dans l’entreprise.

Ce qui peut aller jusqu’à pousser les femmes à raccourcir leur congés pour conserver leur poste, autant suggéré par leurs managers que spontanément d’elles même pour poursuivre leurs ambitions de carrière.

Pourtant, le BIM attend des compétences humaines comme l’écoute des intervenants et la prise en compte de leurs attentes et de leurs difficultés. Cette fibre de bienveillance acquise par le fait d'observer nos mères ou d’en devenir une, est un atout considérable pour l'adoption des pratiques et la conduite du changement.

L’IA, un reflet de la société

L’IA générative se base sur les données qu’on lui fourni. Il est normal alors qu’elle soit le reflet de notre société. Selon qu’on pose une question en tant qu’homme ou femme, la réponse peut être significativement différente. Peut être qu’avec plus de données représentant des habitudes différentes, elle saura faire preuve de plus de neutralité.

Réseau et mentorat par Women In BIM

Il n’est pas évident de prendre conscience et de lutter contre les conditionnements de genre. C’est la raison d’être de Women In BIM dont les actions reposent sur un réseau mondial de professionnels, femmes et hommes, au travers de conférences et de programmes de mentorat.

Pour le mentor, la réussite repose sur l’écoute des questions et des envies de la mentorée. S’en dégage plusieurs sujets donnant lieu à une définition de thèmes à aborder ensemble. Au-delà de la fierté d’avoir aidé quelqu'un, les mentors progressent aussi dans leurs réflexions personnelles sur le métier.

Tout le monde a sa place dans les actions de Women in BIM, car les réflexions engagées concernent tous les acteurs de notre société quels que soient leurs genres. C’est avec la participation de tous que nous pourrons continuer de la faire évoluer.

Conclusion et remerciements

Les diversités des profils de chacun que ce soit en matière de genre, de formations et d’expériences permettent d’apporter de la richesse à nos métiers. Le BIM reliant tant d’aspects techniques et humains des métiers de la construction et de l’immobilier.

Merci à Women In BIM pour leurs actions à travers le monde. Merci à Claudia Gaona Avila et Alexia Courdurie pour l’organisation de ce premier événement en France, avec le soutien de Graitec France et dRofus. Merci aux employeurs qui ont déjà des politiques d’inclusions et de développement de la place de la femme dans leurs organisations.

Intervenantes

• Sihem Amokrane : Architecte de formation, Sihem Amokrane est Directrice Customer Sucess chez Man and Machine France. Elle anime également le podcast « Et BIM ! », publiant des interviews d’acteurs du BIM francophones. Depuis 2022 elle est également mentor pour WIB.
• Maud Guizol : Diplômée de l’ESTP, Maud Guizol est Directrice BIM et Jumeau Numérique Territorial du groupe Colas. Présidente de Building Smart France, elle prend aussi part au programme MINnD 2050 et fait partie du CA de l’ESTP.
• Emilienne Poutot : Après une double formation en lettres, Emilienne Poutot réoriente sa carrière vers le BIM et le numérique. Elle est aujourd’hui Responsable Développement chez OMNIA Ingénierie et OMNIA numérique et également coordinatrice de BIMers, association des professionnels du BIM en Nouvelle Aquitaine.
• Audrey Meynlé : Diplômée en économie de la construction et en coordination BIM, Audrey Meynlé occupe aujourd’hui le poste de Lead advanced BIM products Western Europe chez BG Ingénieur Conseil à Genève. Elle est également co-fondatrice et CEO de BIM DAY GVA, salon professionnel du BIM et du futur de la construction en suisse romande.
• Asma Ben Mansour : De formation architecte et après plusieurs années de riches expériences dans le domaine de la construction, Asma Ben Mansour est aujourd’hui Responsable Stratégie Numérique chez Seqens. Elle obtient le titre de BIM Influenceur en 2021.
• Guersendre Nagi : Après une formation en histoire d’entreprise et communication à l’ENS Cachan et plusieurs expériences professionnelles, Guersendre Nagi prend part à l’organisation Building Smart France, aujourd’hui en tant que Secrétaire Générale. Elle fait également partie de l’équipe de programmation des conférences de BIM World.
• Annalisa De Maestri : De formation initiale en ingénierie et architecture, Annalisa De Maestri fait rapidement carrière dans le BIM et le digital jusqu’à occuper aujourd’hui le poste de Directrice de l’Environnement Numérique de Production chez Bouygues Immobilier. Elle partage son expérience et ses réflexions dans de nombreuses conférences.