Bonjour,
Avant tout, je vais rebondir sur certains propos tenus dans les précédents posts.
Selon vous, le BIM aurait-il apporté quelque chose de nouveaux pour les armatures d'une structure ?
Le BIM est-il pertinent pour la production de plans d'armatures ?peut il ajouter une plus-value ?
Je vais encore me faire détester pour cette mise au point, mais ici, la question ne concerne pas vraiment le BIM mais plutôt la 3D. l'aspect Information (c'est tellement le coeur du BIM que c'est même au milieu de l'acronyme) est ici très limité voire inexistant ; tout comme l'aspect Modeling.
Le BIM est aussi un outil très puissant de communication. De ce fait la transmission de l’information entre les bureaux d’études d’Exe et les ouvriers sur place me semble plus fluide et efficace. Les erreurs seront toujours présentes mais diminués par 10, car l’humain ne sera pas remplacé par une machine.
Le BIM n'est pas un outil de communication. le BIM n'est pas un outil, tout court.
Quant à la diminution des erreurs, elle tient moins à la nature du support de transmission qu'à notre capacité à tenir compte de tout le cycle de conception et à travailler "dans les règles de l'art". On les oublie trop souvent celles-là. Comme on dit, ce n'est pas la guitare qui fait le guitariste (ou l'appareil photo le photographe, etc. -remplacez par votre loisir favori)
Pour en venir aux faits, en tant qu'AMOA/AMOE/formateur, je fait régulièrement le même constat qu'Antoine Nguyen chez mes clients, qu'ils soient en France métropolitaine (pas trop sismique) ou dans les DOM-TOM (davantage concernés par les études sismiques) et je valide totalement ses propos.
Alors, quels sont la place, le rôle, l'importance de la 3D dans le cadre des armatures ? (oui, le jeu de mots est nul)
Les avantages
un des avantages caches pour nous etait de nous rendre compte de cet aspect sur les BoQ et l'impact sur la facturation des projets
Pour ce que j'ai observé, pour ce que j'en ai lu aussi, le seul intéret pertinent et mesurable à l'échelle du projet que je relève est cette mise en évidence d'une disparité entre la quantité réelle d'acier et celle mesurée par des processus qu'à défaut je qualifierai ici de conventionnels, dont Geoffroy Vilbert fait état dans cette discussion.
Et, en définitive, cette différence est mesurable par d'autres moyens mathématiques (OK, les maths, c'est pénible), sans avoir à créer une représentation exhaustive et précise des armtures en 3D.
Dès lors, Je serais très curieux de connaitre l'ensemble de tous les intérêts que vous trouvez à la modélisation 3D car c'est finalement bien l'enjeu de ce post : mesurer pleinement et objectivement l'impact de la modélisation 3D des armatures.
Je concèderais bien le fait que la 3D permet de mieux comprendre ce qui est fabriqué, ce qui serait un avantage sur chantier mais, pour bien des raisons très diverses, cet avantage reste marginal, confiné à quelques chantiers, parfois pilotes et pas toujours suivis d'effets.
Les inconvénients
ca ameliore notre capacite d'actualisation des modeles pour ensuite sortir les plans as-built
Je remarque surtout un temps à passer important pour modéliser l'état réel des renforcements, des contraintes dans la manière de modéliser, à plus forte raison lorsqu'il doit y avoir échanges entre logiciels de calculs et logiciels de modélisation, et une plus grande difficulté dans la mise à jour des modèles 3D lorsqu'il y a des modifications sur le projet (qui malheureusement sont encore trop fréquentes et importantes, même alors que le projet est censé être validé).
C'est notamment, en partie, ce qu'évoque Billeile Hemaizia dans un précédent post.
L'actualisation des modèles est en effet améliorée par l'usage de logiciels de modélsiation 3D. La 3D représente une avancée, notamment en cela que les logiciels 3D assurent en général une continuité des plans, entre la 3D et les vues 2D, et la plupart des logiciels possèdent un ensemble de règles et de fonctions qui permettent une modélisation partiellement automatisée.
Mais, tout automatisables qu'ils soient, les logiciels ne permettent pas de corriger les erreurs à notre place et la mise à jour de la maquette, en fin de chantier, ne peut être soumise qu'à intervention humaine.
Ainsi, sous-entendre que ces solutions améliorent la sortie de plans As-Built me parait un peu en décalage de la réalité.
L'utilité réelle et le public cible
Peut etre le fait que l'antisismique prenne une grande place dans les preocupations de nos clients au Chili justifie qu'ils nous le demandent regulierement
Que le client demande un travail, c'est une chose. Qu'il soit légitime en est une autre. Alors, il me parait important de se poser les bonnes questions.
Sauriez-vous définir les raisons réelles, objectives et pragmatiques, invoquées par vos clients, qui poussent ces derniers à vous demander ce travail de modélisation 3D des armatures ?
Pouvez-vous nous préciser si ces raisons vous semblent légitimes ou non ?
Qu'en est-il fait, de ces armatures 3D, une fois le chantier terminé ?
Comment et en quoi la présence d'armatures 3D, dans le DOE (As built), peut améliorer la maintenance, l'exploitation, la restructuration di site ?
A l'échelle du cycle de vie du bâtiment, les armatures 3D n'apportent pas grand chose. Même si nous étions en capacité de certifier à 100% l'exactitude du placement et du dimensionnement des armatures (ce qui est très loin d'être le cas), cela représente une masse d'informations supplémentaire non pertinente. Des carnets 2D remplissent parfaitement ce rôle.
Il faut bien définir, analyser et comprendre les enjeux de la maquette numérique. Ces dernières années, nous lui avons prêtée toutes sortes de fonctions, de buts, de qualités qui s'éloignent petit à petit de l'usage réel qui en sera fait durant la majeure partie du temps de son utilisation. Nous avons tendance à confondre notre propre usage/intérêt, localisé dans le temps, avec le but du livrable, pour celui qui l'exploite.
Armatures 3d, un gain réel ?
En définitive, l'usage des armatures 3D semble limité à l'entreprise de GO. Alors, si cela ne pose aucun problème (toute société produit des informations pour des besoins internes seulement), il convient de mesurer l'impact que ce travail représente sur l'ensemble du contexte du projet.
Que représente, à l'échelle de tout un projet, 5 à 7% d'acier économisé ?
Si cela requiert plus d'espaces de stockage, donc de plus gros serveurs, l'impact environnemental de la conservation et l'exploitation d'une maquette plmus lourde, sur la durée de vie du bâtiment, est-il inférieur à ces 5 à 7% ?
Ce n'est là qu'un exemple, peut-être abstrait, mais qui illustre qu'il convient de mesurer globalement un gain, et non à l'échelle d'une seule société, voire d'un seul type de poste.
Le BIM, la structuration et la centralisation des données doivent nous permettre de réaliser des cartographies précises des pertes et gains, à différentes échelles (BE, entreprises, MOA, exploitants, gestionnaires).
C'est seulement en réalisant ce genre d'analyse à grande échelle (taille et temporelle), que nous pourrons mesurer l'apport du BIM (et pour le coup, je parle bien de BIM) dans ce domaine.
Quoi qu'il en soit, à cette heure, ma conclusion n'est pas à l'avantage des armatures 3D.