Maquette numérique BIM "REL" ou "DOE" ?

Quoted from Souhila Haliche on Mercredi 2 Octobre 2024

L'appellation d'une maquette numérique est-elle conditionnée par la présence de données issues de la phase DOE dans les informations fournies par le maître d'ouvrage... ?

Réponse courte : En gros, Non

Quoted from Souhila Haliche on Mercredi 2 Octobre 2024

... ou est-elle simplement déterminée selon sa demande ?

Réponse courte : En gros, Oui


Mais comme je ne peux m'empêcher de digresser et de tout expliquer, voici un peu plus de détail.


Comme évoqué par Gabriel Castel, le nom d'une maquette, comme celui de n'importe quel fichier au demeurant, est en théorie arbitraire. S'il n'y a pas de contrainte sur ce point et que vous voulez nommer votre maquette "Patacouetozor de la Lune", c'est possible (même si c'est un peu bizarre).

Cependant, en pratique il est d'usage qu'une règle de nommage soit imposée à un fichier dès lors que celui-ci doit être diffusé à une ou plusieurs personnes ou entités, car le rôle de cette règle est de permettre à tout un chacun de savoir ce qu'il contient sans avoir à l'ouvrir, et de pouvoir le retrouver dans un espace de stockage sans galérer.

De fait, connaitre la provenance des données de conception de la maquette par le biais du nom du fichier n'a pas d'intérêt.
D'ailleurs, faire figurer le trigramme BIM dans le nom du fichier de la maquette n'a pas grand intérêt non plus : l'extension du fichier nous renseigne à lui seul sur la nature du contenu, et MN et BIM constituent une redondance d'information. Et pire encore, BIM est moins précis pour discriminer un type de fichier car il englobe bien plus que le seul concept de modèle 3D doté d'informations diverses. Subséquemment, pour rester logique il faudrait alors aussi faire figurer ce trigramme dans le nom des nomenclatures exportées depuis les logiciels de conception.

Alors, Règles de nommage : Check. C'est mignon, et tout le monde s'y retrouve.
Provenance des infos de conception dans le nom : Check. Enfin, on s'en fout, mais je note qu'on s'en fout.
Du coup, qui les impose, ces règles ?

Pour nuancer un peu les réponses précédentes, ces règles de nommage peuvent être imposées par les entités suivantes (liste par ordre de priorité et non exhaustive) :

• Une directive nationale appliquée au type de projet visé par la maquette (Code des Marchés Publics par exemple) ;
  
• L'acheteur. Classiquement, il s'agit du Maitre d'Ouvrage, mais il peut aussi s'agir du Maitre d'Œuvre qui achète une maquette à un géomètre par exemple ;
  
• Le BIM manager, ou toute autre personne responsable des processus de collaboration entre les disciplines ou entreprises ;
  
• Un consensus collectif au sein d'un projet, lorsqu'aucun document contractuel ni procédure n'impose quoi que ce soit.
  

Ces règles s'articulent donc autour des contraintes d'exploitation de fichiers de l'entité qui les imposent. Malgré ce qui est expliqué ci-dessus, il n'est alors pas exclu, quoi que très improbable, que la provenance des données de conception constitue une information importante que ladite entité souhaite voir figurer dans le nom des maquettes qui lui sont livrées.

Dans tous les cas, elles doivent être inscrites dans un document contractuel du projet, qu'il s'agisse d'un rappel à la loi dans un CCAG/CCTG, d'un article dans l'annexe d'un règlement de consultation ou d'une convention technique quelconque, accessible à toutes les entités du projet. Si rien n'est imposé par écrit=> Patacouetozor !

J'en profite pour préciser quatre évidences :

• Les règles de nommage peuvent concerner tous les documents diffusés, pas uniquement les maquettes.
  
• Il peut exister une seule règle de nommage appliquée à tous les types de documents d'un projet, ou bien chaque type de document peut faire l'objet d'une règle adaptée (ce n'est pas tout à fait idiot de nommer les fiches techniques différemment des modèles 3D ou des contrats )
  
• Suivant qui vous impose les règles et suivant votre poste, il est possible d'être confronté à des règles différentes d'un projet à l'autre (si vous travaillez pour différents MOA par exemple) ou d'appliquer toujours la même (si vous êtes vous-même côté MOA, encore pour l'exemple).
  
• Il est possible que vous deviez gérer deux jeux de règles de nommage : Un pour la gestion des documents interne à votre société, l'autre pour la diffusion externe des documents d'un projet.
  

Bien, bien. C'était inutilement long... quitte à faire un roman, t'as des exemples de règles ?

Un bon exemple est la structure de nommage décrite à l'article NA.2 de l'annexe UK à la norme ISO 19650-1, que nous retrouvons de plus en plus souvent dans les conventions BIM et les cahiers des charges des MOA ainsi que dans certains CDE, tel que BIM360.

Elle prend la forme suivante :
"Project-Originator-Volume-Level-Type-Role-Number.ext"

Chaque champ est en général un trigramme, à l'exception de Number qui est un nombre constitué de 6 caractères. .ext est l'extension de fichier, indiquant son format.
Les valeurs que peuvent prendre les différents champs sont enregistrées dans une base de données accessible à toutes les entités du projet, à côté de la règle de nommage proprement dite.

C'est une structure que je fais appliquer dans la plupart des projets que je gère. J'y adjoint deux trigrammes (Phase et Sous-discipline), pour une forme finale comme suit :
Projet-Emetteur-Phase-Volume-Niveau-Type-Discipline-Sous-Discipline-Numéro.

Il y a un terme "Tel Que Construit" TQC

l’appellation peut techniquement être flexible, mais il est recommandé qu’elle reflète précisément les informations contenues dans la maquette pour éviter des malentendus entre les parties prenantes du projet.
- Une maquette doit répondre aux attentes de celui qui commande (achète) cette maquette, formalisé dans le cahier des charges de la prestation
cela s'applique pour le relevé comme pour le DOE.