Le BIM est aujourd'hui bien installé dans les projets de construction. Mais malgré la richesse des maquettes numériques, son usage reste souvent centré sur la modélisation graphique. Les données techniques, réglementaires et documentaires qu'elles contiennent sont encore largement sous-exploitées.

L'intelligence artificielle, testée dans plusieurs contextes du secteur du BTP, ouvre des perspectives concrètes : structurer les informations, détecter des incohérences, générer automatiquement des documents ou encore accompagner certains arbitrages techniques. Sans ajouter de complexité, elle s'intègre progressivement dans des démarches métier orientées terrain.

Ce contenu s'appuie sur des retours d'expérience, dont ceux partagés par l'équipe de Nacorm, structure spécialisée dans l'IA appliquée à l'AEC. 

Aller au-delà de la 3D 

Le BIM permet de centraliser une grande quantité de données autour d'une maquette partagée. Mais dans la pratique, seule sa dimension visuelle est le plus souvent mobilisée. Les métadonnées liées aux composants, aux délais, aux exigences réglementaires ou aux documents annexes sont rarement utilisées pleinement.

C'est sur ce point que l'intelligence artificielle peut devenir un levier. Elle ne remplace pas les outils existants, mais vient en complément, pour extraire l'essentiel, automatiser certaines tâches répétitives ou encore anticiper des risques ou des incohérences invisibles à l'œil humain.

Quelques cas d'usage déjà expérimentés

Parmi les exemples observés ou testés sur le terrain :

  • Génération automatique de documents techniques, comme les mémoires, à partir des pièces du DCE et des données déjà présentes dans la maquette ;
  • Extraction intelligente d'informations depuis un fichier Revit ou IFC, facilitant le transfert ou l'analyse des données clés pour d'autres acteurs du projet ;
  • Micro-implantation d'équipements techniques automatisée, dans des environnements complexes comme les hôpitaux.

Ces applications ne relèvent pas d'un futur théorique : elles sont déjà mises en œuvre à petite échelle et peuvent être étendues à condition d'être adaptées aux réalités du terrain.

Une mise en œuvre progressive et ciblée

L'intégration de l'IA ne repose pas uniquement sur la technologie. Elle nécessite surtout une bonne compréhension des processus internes, des irritants récurrents, et des objectifs opérationnels.

Certaines démarches privilégient une montée en compétence progressive, avec des formats courts et collaboratifs. Par exemple, des ateliers immersifs d'une journée permettent d'initier les équipes aux fondamentaux de l'IA, puis de cartographier les processus à optimiser. L'approche vise des livrables immédiatement utiles : propositions d'optimisation, hiérarchisation des cas d'usage, recommandations techniques.

Ce type de démarche vise à construire des réponses adaptées, sans imposer un outil unique ou une solution générique.

Un retour d'expérience dans le domaine hospitalier

Micro-implantation d'équipements techniques automatisée - BSA

Un projet mené avec une agence d'architecture dans le secteur hospitalier illustre bien cette logique. L'objectif : automatiser la micro-implantation d'équipements dans des espaces complexes. L'IA a été utilisée pour générer rapidement plusieurs propositions cohérentes, tout en respectant les contraintes du programme et des espaces.

Le résultat : un gain en précision, une meilleure fluidité dans la phase de conception, et une intégration naturelle dans le processus existant. Ce retour d'expérience a été présenté lors de l'événement Autodesk University 2024, aux côtés d'autres démarches innovantes. Il montre une maturité croissante du secteur sur ces sujets, avec une demande pour des solutions simples, intégrées et utiles.

Conclusion : mieux exploiter ce qui est déjà là 

Les exemples présentés ici montrent que l'IA peut déjà jouer un rôle complémentaire dans l'exploitation des données BIM. Loin des discours théoriques, elle s'inscrit dans une logique d'amélioration continue : gagner en fiabilité documentaire, réduire les tâches manuelles répétitives, mieux structurer l'information.

Encore en cours d'appropriation, ces pratiques posent aussi des questions sur la méthode : par où commencer, avec qui, et sur quel périmètre ? C'est à ces questions que nous reviendrons dans les prochains articles de cette série.


À propos de cette série

Ce contenu a été réalisé avec la contribution de l'équipe de Nacorm, qui explore depuis plusieurs années l'intégration de l'intelligence artificielle dans le secteur de la construction. Leur retour d'expérience contribue ici à alimenter une réflexion concrète autour des usages émergents du BIM augmenté par la donnée.